CRUCH.X est une série de performances qui gravitent autour du spectacle CRUCHES, une forme longue dont la création est prévue pour Mars 2026. Mêlant théâtre de matière et de marionnette, poterie live, danse, poésie et musique Live, CRUCHES met en lumière la figure polysémique des objets contenants, de son effacement de nos récits dominants, à son association incessante aux corps sexisés dans l’histoire de l’art et la culture populaire. Cruches tente à sa manière d’opérer un renversement de nos mythes fondateurs sur le corps et la sexualité, pour faire et défaire, par tâtonnements, nos imaginaires érotiques.

La création du spectacle s’est ouverte sur plusieurs semaines de Laboratoire collaboratifs au sein desquels nous avons conviés une quinzaine de performeuses, chercheuses, écrivaines et curieuses à se saisir de nos thématiques sous forme de protocoles expérimentaux. Entre ateliers d’écritures érotiques, réalisations de courts métrage porno-poétique et performances in-situ, ces temps de laboratoires ont donnés lieux à une matière féconde que le format spectacle ne saurait contenir à lui seul.
Dès lors, nous avons souhaité développer certaines boutures de ces laboratoires, en élaborant de petites formes performatives légères, des objets en soi, existants indépendamment du spectacle, concentrant et développant sous un axe plus performatif certaines interrogations qui animent la création.    

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Ce désir à donné lieu à une première performance, explorant les relations et analogies entre langage érotique et geste artisanal, présentée lors de l’XPLICIT FESTIVAL dédié au écritures érotiques contemporaines, au Nouveau Gare au Théâtre.

Sur scène, une personne est assise derrière un tour de poterie à pied, une autre, assise sur une chaise micro à la main, ouvre la parole : 

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« Comment modeler la langue ?

modeler la langue du bout des doigts

en s’en foutant plein les mains

avec

des mots 

qui résonnent dans un corps rempli
de désirs, de doutes, de gènes, de contradiction,

des mots qui résonnent en silence, en gestes, en phrases parfois
et qui vibrent avec tout l’imaginaire hérité, vécu et emprunté par le corps.

J’aimerais te proposer des mots

Que ce corps ce soit toi, là maintenant, et que tu les laisse jouer avec ce qui te traverse, là maintenant

Est-ce que tu es d’accord ? 

Est-ce que tu es prête ? »

 

Les règles du jeu sont simples. La potière doit tourner une forme tout en recevant des mots choisis par la questionnante. Des mots sales, doux, botaniques, banals et suggestivement explicites. Chaque mot est une invitation à laquelle la potière peut répondre par la parole, le geste ou le silence.  Les réponses proviennent de ce qu’elle sent et improvise au présent, de son imaginaire vécu, hérité ou emprunté. L’implication physique et la concentration que requiert le travail de tournage court-circuite peu à peu les barrières de pudeur et de morale, pour donner lieu à une chorégraphie intime pleine de contradictions, entre langage et matières argileuses.  

Les deux performeuses sont accompagnées d’une musicienne Live qui spatialise et improvise à partir des multitudes de sons produits par les clapotis et sussions de l’eau argileuse, le bégaiement des bouches, et les couinements du tour. Enveloppant discrètement l’espace scénique jusqu’à saturation.